Terrifiante inventerie
hier entre chien et loup
j'ai entendu les hurlements des coyotes
ce matin
j'arrive du bois
d'arpenter leur territoire
d'identifier leurs pistes
pour m'assurer
que ce sont eux
qui mènent ce ravaud
tête nue
vêtue d'un court manteau
j'avance d'un pas assuré
sur la croûte glacée des champs
en forêt
la neige cède
sous mon poids
alors je m'imagine coincée
cernée criant me débattant
m'enfonçant dans la neige
jusqu'au califourchon *
la horde de coyotes
hurlante affamée
faisant la ronde
jusqu'à mon épuisement
pour me déchiqueter
terrifiantes inventeries
frissons avant le petit-déjeuner
Parcelle de la saison
La puissance des éléments mis en branle pour bâtir le printemps me trouble. Je tente de puiser à cette source l'entendement pour embarquer dans le mouvement, plutôt que de me débattre à refuser ce remue-ménage.
Recevez ce courant d'air comme une parcelle de la saison.
Lettre postée au frère Jérôme
le vendredi 13 mars 1991
* la neige ne dépassait pas mes chevilles