Art de vivre au Québec
À la mémoire de Laurence (1980-1987)
histoires de familles

Une terre, une maison

En octobre 1973, Monique Sabourin et Robert Houle achètent de Rose-de-Lima Laguë-Gladu, une terre, une maison et ses dépendances, à Saint-Grégoire-le-Grand.

Saint-Grégoire-le-Grand, août 1992. Photo 2305/13.

le feu détruit les premiers bâtiments, la maison et la grange actuelles datent de 1905

Jeune femme, Rose-de-Lima se marie. Elle devient veuve six mois plus tard. Madame Laguë-Gladu demeure sa vie durant, avec ses neuf frères et sœurs, tous célibataires, dans cette maison, jusqu'à la mort de chacun d'eux.

On s'endurait

En 1972, Rose-de-Lima Laguë-Gladu décide de vendre, après s'être fait voler de vieux meubles, par un antiquaire, disait-elle. À cette époque, elle demeure avec une cousine, Lorisa, âgée de 78 ans, simple d'esprit, qui lui sert de servante.

Saint-Grégoire-le-Grand, août 1992. Photo 2255/24a.

la maison subit plusieurs transformations depuis 1973

Monique se souvient :

Rose-de-Lima craignait que nous défassions la maison, elle nous a engueulés quand nous avons converti la chambre à coucher en salle de bain. Sa toilette n'était installée que depuis 1970 : un cabinet d'aisance, un petit lavabo, sans bain.

Ayant perdu mari et fils, Rose-de-Lima disait qu'elle n'avait pas été plus heureuse qu'il fallait. Elle avait été contrainte de vivre avec tout le monde de sa famille. Une vraie famille québécoise d'avant la révolution industrielle s'aidant les uns les autres, jusqu'au mariage. Quand ça n'arrivait pas, on s'endurait.

L'étang

Près de la grange, c'était un champ cultivé avec deux ormes magnifiques. Ils sont morts.

Saint-Grégoire-le-Grand, août 1992. Photo 2305/E.

Laurence (1980-1987)

Peut-être que ce qui dure toujours n'existe pas. C'est ici que nous avons eu nos trois enfants et que Laurence est morte à 6 ans, le 18 août 1987.

Saint-Grégoire-le-Grand, août 1992. Photo 2305/14.

Amour, haine, joie, peine, souffrance et douleur ont été vécus en ces lieux, en peu d'années. J'aurais aimé, Robert y a cru plus que tout, que cet endroit nous protège de la perte de ce qui nous était si précieux. L'illusion a duré le temps de petites vies.

Toutes couleurs

Rose-de-Lima Laguë-Gladu, cette vieille dame ridée, sensible, disait que la vie ici avait été de toutes les couleurs, espérant me faire comprendre que c'était le plus bel endroit du monde.

En 1973, à 28 ans, je l'écoutais étonnée et ravie de la croire. Nous avons mis notre grain de sel différemment, mais avec autant d'amour qu'eux.

Monique Sabourin
le 30 août 1992

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le lundi 20 septembre 1999 - le samedi 12 mai 2012 constante mouvance de mes paysages intérieurs

 
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