le veilleur
quand on vous cajole cher
vous avez les yeux
tellement bleus
votre sourire jaillit
comme source
de l'innocence
là je vous chanterais les vents
de ma plaine vous dirais
la diversité la complexité
il revient peut-être
aux vigies dont je suis
de raccorder des fils
quand vous racontez de votre enfance
cet oncle ténor en moyens qui donnait des bals
et des concerts en haut de son magasin
j'entends sa voix portée au-dessus du lac Sept-Îles
j'entends la Huronne si fière
de ses guerriers de ses grands bois
là d'une rafale
je tente de chasser
le voile nostalgique de votre regard
voyez
nous sommes nombreux
à désirer apprendre les haïkus
qui est Baudelaire
comment versifier
d'où vient la poésie
nous sommes si maladroits
à témoigner des éclatements
de cette fin de siècle
les communications
nous informent de l'étendue
de nos ignorances
espace mer terre
méconnus
saccagés sans vision
pour nos enfants à protéger
pour les fruits dans leurs bras
pour la souvenance
redites les maïs oubliés
les goélands perchés sur des piquets
les neiges les printemps inattendus
d'espérance vacillante
fatigué
veillez encore
Saint-Prosper, le mardi 9 avril 1996.