Nichole Ouellette
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Flore laurentienne
Frère Marie-Victorin (1885-1944)
ESQUISSE GÉNÉRALE DE LA FLORE LAURENTIENNE.
| II. - DYNAMISME DE LA FLORE LAURENTIENNE. |
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B. ― FACTEURS DYNAMIQUES INTRINSÈQUES. |
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1. FACTEURS D'ÉVOLUTION PROGRESSIVE. |
Les traces d’évolution discontinue que nous pouvons relever directement dans
notre flore sont peu nombreuses, précisément parce que ce mode semble procéder
par crises violentes, le plus souvent longuement séparées dans le temps et
l’espace. Mais ces traces sont suffisamment démonstratives. Il est d’ailleurs
certain que beaucoup de mutations se produisent sans cesse qui échappent à
l’observation ou sont mises au compte d’autres processus : anomalie, hybridisme,
pathologie. Quand nous trouvons des faits dynamiques dont le rapport avec la
condition statique est obscur, nous inclinons d’instinct à les attribuer plutôt
à ce mode d’évolution plus banal que nous supposons continu, peut-être seulement
parce que le grand nombre et l’affinité des termes en masquent la discontinuité.
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Carte L. ― Le continent nord-américain durant
le Crétacé inférieur. Extension de la grande forêt de gymnospermes.
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Ces forces d’évolution continue dont nous admettons le travail incessant sur
la face de la biosphère, ― parce que nous ne voyons pas d’autres processus
pouvant rendre compte de l’ensemble des faits, ― il n’est pas facile de les
déceler, parce que le plus souvent elles sont appliquées avec la même intensité
à des sujets à peu près identiques, et durant des temps sensiblement égaux. Les
repères et les témoins manquent le plus souvent. Quand ces forces sont
d’intensité différente, la relativité des déplacements masque facilement leur
valeur absolue. Pour déceler l’accélération qu’un engrais chimique ou organique
imprime à la végétation d’un champ, il faut qu’une parcelle soit conservée sans
amendement ou vice versa. Pour apprécier la valeur d’un phénomène d’érosion, il
faut que des témoins non entamés subsistent. On ne saurait rien de l’histoire
dévonienne de la région montréalaise sans les fragments de calcaire oriskanien
enrobés dans les nappes éruptives de l’île Sainte-Hélène et de l’île Ronde.
Heureusement pour la science biologique, certaines successions géologiques et
certaines conditions de milieu reproduisent assez fidèlement ces nécessaires
conditions expérimentales. Le plus important de ces faits géologiques, celui
peut-être auquel on peut rapporter tous les autres, est l’isolement, qui aboutit
à l’insularisme, insularisme géographique ou insularisme physiologique.
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Carte M.
― Le continent nord-américain
à la fin du Crétacé supérieur. Un bras de mer divise ce
continent en deux massifs, et l'isolement déclenche l'évolution séparée de
la forêt orientale et de la forêt occidentale.
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Un grand fait d’isolement géographique domine toute l’histoire de notre flore
américaine actuelle. À la fin du Crétacé, alors que les cycadinées et les abiétinées constituent une forêt uniforme sur tout le continent, une mer
intérieure envahit ce continent, le sépare, dans le sens de la longueur, en deux
étendues territoriales distinctes. Nous assistons alors à la ségrégation ou
différenciation des gymnospermes américaines en types orientaux et en types
occidentaux. Cette différenciation, cette évolution séparée, est déjà avancée
lorsque, à l’époque tertiaire la mer intérieure disparaît, livrant son fond
desséché à l’établissement de cette remarquable formation écologique qui
s’appelle la Prairie. Cette formation servira désormais de barrière efficace,
tout aussi efficace que la mer qu’elle remplace, pour maintenir l’isolement des
deux groupes gymnospermiques. (Cartes L, M, N).
Ainsi s’individualise à jamais la flore des gymnospermes laurentiennes, la
plupart de nos espèces orientales ayant désormais dans les cordillères leur
espèce vicariante, ou leurs espèces vicariantes, résultat d’une divergence dans
le temps et l’espace. Par exemple, notre
Abies balsamea est représenté dans
l’ouest américain par l’Abies lasiocarpa ; notre Larix laricina par le Larix
lyallii ; notre Pinus strobus par le Pinus monticola ; notre
Pinus divaricata
par le Pinus murrayana : notre
Thuja occidentalis par le Thuja plicata, et ainsi
de suite.
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Frère Marie-Victorin (1885-1944)
Flore laurentienne, p. 66, 67, 68.
le samedi 5 avril 2003
le dimanche 3 janvier 2010 - le jeudi 8 mars 2012
constante mouvance de mes paysages intérieurs
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