Hiver, cristaux de givre dans une vitre, 46º 35' 52,6" N - 072º 15' 38,8" O, Mauricie, MRC Les Chenaux, Saint-Prosper, le jeudi 31 décembre 2009, photo macro Givre_006_950.

Nichole Ouellette

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Flore laurentienne
Frère Marie-Victorin (1885-1944)

Dynamisme de la flore laurentienne :
Index ] Point de vue dynamique ] Point de vue dynamique ] Facteurs d'évolution ] Termes discontinus ] Termes discontinus ] [ Termes continus ] Termes continus ] Termes continus ] Termes continus ] Termes continus ] Termes continus ] Facteurs d'élimination ] Facteurs extrinsèques ] Facteurs extrinsèques ] Conclusion ]

ESQUISSE GÉNÉRALE DE LA FLORE LAURENTIENNE.

II. - DYNAMISME DE LA FLORE LAURENTIENNE.

B.  FACTEURS DYNAMIQUES INTRINSÈQUES.

1. FACTEURS D'ÉVOLUTION PROGRESSIVE.

(b) Évolution à termes continus.
(Première de six pages : page 2)
.

Les traces d’évolution discontinue que nous pouvons relever directement dans notre flore sont peu nombreuses, précisément parce que ce mode semble procéder par crises violentes, le plus souvent longuement séparées dans le temps et l’espace. Mais ces traces sont suffisamment démonstratives. Il est d’ailleurs certain que beaucoup de mutations se produisent sans cesse qui échappent à l’observation ou sont mises au compte d’autres processus : anomalie, hybridisme, pathologie. Quand nous trouvons des faits dynamiques dont le rapport avec la condition statique est obscur, nous inclinons d’instinct à les attribuer plutôt à ce mode d’évolution plus banal que nous supposons continu, peut-être seulement parce que le grand nombre et l’affinité des termes en masquent la discontinuité.

Carte L. ― Le continent nord-américain durant le Crétacé inférieur. Extension de la grande forêt de gymnospermes.

Ces forces d’évolution continue dont nous admettons le travail incessant sur la face de la biosphère,  parce que nous ne voyons pas d’autres processus pouvant rendre compte de l’ensemble des faits,  il n’est pas facile de les déceler, parce que le plus souvent elles sont appliquées avec la même intensité à des sujets à peu près identiques, et durant des temps sensiblement égaux. Les repères et les témoins manquent le plus souvent. Quand ces forces sont d’intensité différente, la relativité des déplacements masque facilement leur valeur absolue. Pour déceler l’accélération qu’un engrais chimique ou organique imprime à la végétation d’un champ, il faut qu’une parcelle soit conservée sans amendement ou vice versa. Pour apprécier la valeur d’un phénomène d’érosion, il faut que des témoins non entamés subsistent. On ne saurait rien de l’histoire dévonienne de la région montréalaise sans les fragments de calcaire oriskanien enrobés dans les nappes éruptives de l’île Sainte-Hélène et de l’île Ronde.

Heureusement pour la science biologique, certaines successions géologiques et certaines conditions de milieu reproduisent assez fidèlement ces nécessaires conditions expérimentales. Le plus important de ces faits géologiques, celui peut-être auquel on peut rapporter tous les autres, est l’isolement, qui aboutit à l’insularisme, insularisme géographique ou insularisme physiologique.

Carte M. ― Le continent nord-américain à la fin du Crétacé supérieur. Un bras de mer divise ce continent en deux massifs, et l'isolement déclenche l'évolution séparée de la forêt orientale et de la forêt occidentale.

Un grand fait d’isolement géographique domine toute l’histoire de notre flore américaine actuelle. À la fin du Crétacé, alors que les cycadinées et les abiétinées constituent une forêt uniforme sur tout le continent, une mer intérieure envahit ce continent, le sépare, dans le sens de la longueur, en deux étendues territoriales distinctes. Nous assistons alors à la ségrégation ou différenciation des gymnospermes américaines en types orientaux et en types occidentaux. Cette différenciation, cette évolution séparée, est déjà avancée lorsque, à l’époque tertiaire la mer intérieure disparaît, livrant son fond desséché à l’établissement de cette remarquable formation écologique qui s’appelle la Prairie. Cette formation servira désormais de barrière efficace, tout aussi efficace que la mer qu’elle remplace, pour maintenir l’isolement des deux groupes gymnospermiques. (Cartes L, M, N).

Carte L.
Carte M
Carte N.


Abies balsamea (LinnéMiller. 46º 35' 52,6" N - 072º 15' 38,8" O, Mauricie, MRC Les Chenaux, Saint-Prosper, 1er rang Saint-Édouard, le vendredi 3 juillet 2009, photo Abies_balsamea_013_800.

Ainsi s’individualise à jamais la flore des gymnospermes laurentiennes, la plupart de nos espèces orientales ayant désormais dans les cordillères leur espèce vicariante, ou leurs espèces vicariantes, résultat d’une divergence dans le temps et l’espace. Par exemple, notre Abies balsamea est représenté dans l’ouest américain par l’Abies lasiocarpa ; notre Larix laricina par le Larix lyallii ; notre Pinus strobus par le Pinus monticola ; notre Pinus divaricata par le Pinus murrayana : notre Thuja occidentalis par le Thuja plicata, et ainsi de suite.

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Frère Marie-Victorin (1885-1944)
Flore laurentienne, p. 66, 67, 68.


le samedi 5 avril 2003
le dimanche 3 janvier 2010 - le jeudi 8 mars 2012
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