Nichole Ouellette
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Esquisse générale
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ESQUISSE GÉNÉRALE DE LA FLORE LAURENTIENNE.
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II. - DYNAMISME DE LA FLORE LAURENTIENNE. |
Le tableau qui vient d’être esquissé a mis devant nos yeux l’état d’équilibre
réalisé à notre époque dans la flore laurentienne. Mais cet équilibre est
éminemment instable, il est passager, il était autre hier, il sera différent
demain, car les flores sont des unités dynamiques en voie de constante
transformation. Elles ont la figure d’un fleuve capable de se modeler à toutes
les rives. Leur fixité n’est qu’une illusion, attribuable non seulement à la
caducité de l’observateur individuel, ce « voyageur d’un jour qui s’arrête une
heure », mais surtout à la courte histoire de l’humanité pensante.
Une incursion à travers le passé de la terre nous montre, en effet, que des
nappes floristiques, tour à tour épandues sur le monde, se sont désagrégées pour
être remplacées ensuite par des nappes plus jeunes, différentes d’aspect,
contenant néanmoins, pour les rattacher aux nappes antérieures, des éléments
anciens qui conservaient parmi les nouveaux venus leur identité spécifique.
Champignon sp. 46° 35' 48.7" N - 072° 15' 45.2" O,
Mauricie, MRC Les Chenaux, Saint-Prosper, 1er
rang Saint-Édouard, 07:11 le mercredi 13 juillet 2011, à l'orée d'un
petit bois après la pluie, photo macro Champignons_006_800.
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C’est un grand spectacle que celui de la montée de la vie végétale sur notre
planète, une ontogénèse à l’échelle cosmique dont l’ampleur, la continuité et
l’ordonnance sont admirables. Continuité et ordonnance depuis le Champignon le
plus imparfait jusqu’à la Muscinée la plus évoluée, depuis le Psilophyton,
enseveli durant le Dévonien au cœur du roc gaspésien, jusqu’au Tremble
frémissant dont les racines vivantes vont jusqu’à lui. Continuité et ordonnance
où l’on distingue sans peine deux éléments, ou deux modes. D’une part, sur
presque tous les points, un développement et un progrès organiques parfois
ralentis, parfois accélérés ; d’autre part, pour certains types, une
persistance, une fixité, une indestructibilité aussi lourdes de mystère que
l’évolution des autres. C’est ainsi que les Algues élémentaires et les
Bactéries, dont on relève les traces dans les anciennes roches kiwinaviennes,
ont traversé sans changement toutes les périodes géologiques, que le grand
phylum des Fougères et celui des Gymnospermes se sont maintenus malgré
l’invasion des Angiospermes qui, à la fin du Crétacé et au début du Tertiaire,
s’avérèrent formidablement armées pour conquérir un monde dominé à ce moment par
une flore puissante d’Abiétinées, de Cupressinées et de Cycadinées.
Mais ce dynamisme à l’échelle géologique n’est pas celui qui importe ici.
Sans nous pencher au-dessus de ce passé vertigineux qui se creuse d’autant plus
que l’on s’acharne à le scruter, nous pouvons cependant, au moyen de données
purement historiques d’une part, et de données d’observation d’autre part,
déceler dans la flore actuelle des manifestations plus délicates, mais
mesurables, de ce dynamisme permanent de la vie végétale.
Quelles sont les influences intrinsèques ou extrinsèques qui, à ce moment de
l’histoire de la vie, mettent en mouvement ce complexus biologique, cette vaste
portion de la Biosphère que découpe le Québec dans l’étoffe de la planète ?
C’est là un problème de grande importance théorique, et qu’il faut essayer de
résoudre.
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Frère Marie-Victorin (1885-1944)
Flore laurentienne, p. 61.
le mardi 1er avril 2003 - le mardi 28 février 2012
constante mouvance de mes paysages intérieurs
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