Mesdames,
Messieurs,
Suite à la réunion d'information du 21 septembre dernier à propos du projet de barrage sur la rivière Batiscan, secteur Murphy, le Comité des Amis du Parc de la rivière Batiscan désire obtenir des informations précises sur les circonstances qui ont entouré diverses transactions immobilières à l'intérieur des limites du Parc.
En 1986, la « Corporation du Parc de la Batiscan » achetait de la compagnie Price, les terrains, le lit de la rivière ainsi que les droits hydrauliques du secteur Murphy, au montant de 24,000.00$ Cette corporation à but non lucratif avait été mise sur pied en 1979 par les municipalités de Saint-Narcisse, Sainte-Geneviève et
Saint-Stanislas. Depuis ce temps les municipalités ont toujours soutenu financièrement le Parc, les gouvernements fédéraux et provinciaux ont eux aussi investi dans le Parc, par le biais de divers programmes. Il s'agit bel et bien d'un parc financé à même les deniers publics.
Or, en août 1993, une société sans but lucratif nouvellement formée, le
« Complexe écotouristique de la Batiscanie
Inc. » , achetait du Parc de la Batiscan, les mêmes terrains, droits hydrauliques et lit de la rivière, pour 500,000.00 $.
Au même moment se crée une compagnie privée « Hydro-Batiscan » qui devient partenaire avec le Complexe écotouristique et des actionnaires privés, pour développer le potentiel hydroélectrique du secteur Murphy. Un emprunt hypothécaire de 125,000 $, effectué à la Caisse Populaire de Saint-Narcisse, par le Complexe
Écotouristique de la Batiscanie, avec les « anciens » terrains du Parc déposés en garantie. Tout cela dans le même mois !
Le Devoir du 24 septembre rapporte des déclarations faites par M. Jacques Gauthier, président de Forces Motrices Batiscan, selon qui cette compagnie privée contrôlée par Boralex et filiale du groupe Cascades, aurait obtenu les droits d'occupation des rives et d'usage des forces hydrauliques appartenant auparavant au Complexe
Écotouristique de la Batiscanie, EN ÉCHANGE de 20% des actions de Forces Motrices Batiscan.
Comment des droits appartenant initialement à une corporation sans but lucratif, chargée de la gestion d'un Parc financé par les deniers publics, ont-ils pu se retrouver aux mains de Boralex ? Les infrastructures qui se retrouvent sur ces terrains ont été financées par les divers paliers de gouvernements. Soudainement, on nous apprend que les
chutes à Murphy sont privées et qu'on peut nous y interdire le passage; ce barrage serait un projet privé, sur des terres privées et ne serait pas soumis à la loi sur la Faune, et que les informations relatives à tout cela seraient du domaine privé et inaccessibles à la population !
La population de la région n'a JAMAIS été consultée sur un tel revirement !
Nous demandons donc aux autorités municipales de Saint-Narcisse, Saint-Stanislas et Sainte-Geneviève-de-Batiscan de rendre publiques toutes les transactions immobilières effectuées par la Corporation du Parc de la
rivière Batiscan et d'en expliquer les raisons et la portée.
Nous voulons aussi travailler à des solutions alternatives pour assurer le financement à long terme du Parc. Mais pour cela, il est nécessaire de savoir quels sont les problèmes et leur ampleur. Les bilans financiers du Parc doivent être rendus publics.
Les problèmes financiers de 1993, qui auraient amené la décision de construire un barrage, existent-ils toujours ? Et quelle en est l'ampleur ?
Le potentiel du Parc de la Batiscan est immense. Les rivières vierges se font de plus en plus rares au cœur du Québec et à proximité des grands centres. Nous avons le côté historique avec la vieille centrale de Saint-Narcisse (laissée à l'abandon), le cœur même de l'ancien village Murphy (qui se retrouverait inondé). Au plan archéologique une étude d'Hydro-Québec considérait ce secteur comme ayant un fort potentiel et recommandait même " qu'un inventaire systématique des zones à potentiel archéologique soit réalisé à l'intérieur du Parc de la Batiscan ".
De nombreuses activités pourraient y être développées, pour le bénéfice économique des habitants du coin. Nous croyons qu'avec l'aide de tous, on peut apporter des solutions à un éventuel manque à gagner, sans avoir à vendre un des plus beaux coins de la Mauricie !
Pour des solutions réelles, il faut avoir les chiffres réels. Nous demandons donc que tous les livres de comptabilité, les États financiers du Parc, les livres de minutes ainsi que la participation financière des divers paliers de gouvernements soient rendus publics.
Nous demandons que cette demande soit inscrite à l'ordre du jour du prochain conseil municipal, lundi le 4 octobre prochain (1999). Des citoyens seront sur place afin de connaître les procédures de consultation des divers documents mentionnés.
Veuillez accepter, Mesdames, Messieurs, nos sincères salutations.
Anne-Marie Lafontaine
Comité des amis du Parc de la rivière Batiscan
Copie conforme :
Yves Beaumier, député du comté de Champlain