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En réunissant des miettes que l'histoire retient, nous verrons le rôle déterminant du frère Marie-Victorin (1885-1944) dans la vie et la carrière de cette personne remarquable, femme, célibataire et laïque, collaboratrice inlassable aux entreprises de l'auteur de la Flore laurentienne. Joseph GauvreauMarcelle Gauvreau naît à Rimouski, le 28 février 1907. La famille d'Augustine L'Arrivée et de Joseph Gauvreau compte dix enfants : cinq garçons, autant de filles. Le père, Joseph Gauvreau, étudie au séminaire de Rimouski. Il reçoit son doctorat en médecine à l'Université Laval de Québec, en 1896. Le docteur Gauvreau exerce sa profession à Rimouski, sa ville natale. En 1907, un accident de la circulation le laisse amputé d'un bras.
Joseph Gauvreau publie une vingtaine d'articles et d'ouvrages sur le Québec et différents aspects de la médecine. Historien reconnu, en 1926, le docteur Gauvreau obtient le prix David pour son livre intitulé : Michel Sarrazin, premier médecin du Roi de France à Québec. Publiée en 1952, une biographie du docteur Joseph Gauvreau par Adrien Plouffe (1887-1971) le présente comme un conférencier, orateur et propagandiste hygiéniste acharné. « Cet homme de taille moyenne avait un tempérament de feu et un cœur d'apôtre. Il avait des idées et pendant longtemps il y restera attaché avec une intransigeance farouche. Il s'enthousiasmait, il s'emballait et quand il avait dit oui ou non, il ne pouvait pas souffrir qu'on ne partageât point son opinion. Et il se fâchait, il s'indignait, il tempêtait comme si le sort du monde eut été dans la balance ! (…) Cet homme qui n'avait qu'un bras gesticulait comme s'il en avait quatre et il bombardait son interlocuteur d'arguments qui tombaient à la volée sur le crâne du misérable qui avait l'audace de ne pas penser comme lui. Le docteur Gauvreau côtoie plusieurs personnalités scientifiques, littéraires et nationalistes de son époque, dont le frère Marie-Victorin, bien sûr.
La campagneMarcelle Gauvreau souffre de tuberculose. En 1916, espérant améliorer sa santé, la famille déménage près du parc Jeanne-Mance. C'est également dans ce but que son père achète l'Habitation, une maison de campagne et une terre à Rivière Beaudette, dans le comté de Soulange. Parlant de ses étés à l'Habitation, Marcelle note en 1949 : « Quoi de mieux en effet pour la santé que des vacances dans le foin odorant, ou sur une gentille rivière ombragée de saules gigantesques ? Vivre tranquillement en regardant la nature; écouter le chant des oiseaux; cueillir des fleurs. »
« Mes vacances d'écolière s'écoulent toutes semblables, les unes après les autres à la campagne, à voir mon père cultiver le plus beau jardin du comté, et ma mère élever avec le sourire cette grande famille de diablotins, dont je demeurais la plus sage, toujours parce que j'avais moins de santé. » Éveil à la botaniqueBien avant le mouvement des Cercles des jeunes naturalistes, les parents Gauvreau donnent une formation scolaire à leurs enfants. Pendant deux étés, deux fois la semaine, M. Houle, professeur français, enseigne les sciences naturelles aux enfants Gauvreau. À ce propos, Marcelle écrit : « C'est à la chère Habitation que j'ai trouvé... ma vocation.
« Clouée au lit et à une chaise longue, quand on a la défense même de lire, que faire surtout à la campagne, sinon contempler les arbres et leurs formes singulières; écouter le chant des oiseaux; percevoir le bourdonnement rythmé des insectes; entendre le vent qui passe. » En 1931, Marcelle Gauvreau écrit au frère Marie-Victorin, un grand ami de la famille. « (...) Nous espérons que vous nous ferez l'honneur de visiter l'Habitation, cette semaine. Si j'avais appris quel jour, M. le Curé aurait pu vous annoncer en chaire, ce matin. peut-être aurions-nous "enrôlé" plusieurs naturalistes jeunes ou vieux. (...) »
La science de père en filleOn peut supposer que l'ardeur et la passion de Joseph Gauvreau influencent les futurs choix de vie de sa fille Marcelle.
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