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Filles et femmes de la villePehr Kalm affirme que les 130 jours qu'a duré son voyage au Canada, en 1749, ne permettent pas de porter un jugement sur les filles et les femmes de Nouvelle-France. Pehr Kalm n'échappe pas à la tentation des commérages. L'explorateur rapporte dans ses carnets des observations personnelles et des opinions émises par les gens distingués et cultivés qu'il rencontre. Kalm recueille des potins et des appréciations chez ses hôtes. Ce sont des hommes politiques, des officiers, des marchands, des membres du clergé : évêques, prêtres, missionnaires, ainsi que certains membres des communautés religieuses qui l'hébergent, lui et son assistant Lars Junström.
À MontréalUne grande partie des Français venus s'installer en Nouvelle-France accusent les femmes de Montréal de manquer, dans une grande mesure, de la bonne éducation et de la politesse des Françaises d'origine. Les personnes du beau sexe, à Montréal, semblent poussées par un certain orgueil et comme contaminées par l'esprit imaginatif des Sauvages d'Amérique. On leur trouve une sorte de fierté sauvage. Le matin, elles se lèvent avant le diable en personne. Le soir, les femmes, les jeunes filles et les garçons se promènent dans les rues, bras dessus bras dessous, en plaisantant et badinant entre eux, avec une gaieté folle. En général, ces dames sont plus jolies que celles de Québec. De plus, elles les surpassent dans le domaine de la chasteté ! Les jeunes Montréalaises cousent et mettent la main aux travaux ménagers. Elles ne pouffent pas de rire autant que les Québécoises, bien qu'elles soient assez enjouées et aimables. Personne ne peut dire qu'elles soient dépourvues de charme et d'intelligence. Les Montréalaises se marient ordinairement plus tard que les Québécoises. De nombreux Français viennent à Québec avec leur navire, tombent parfois amoureux et se marient. Ces mêmes hommes montent rarement jusqu'à Montréal.
À QuébecLes femmes de Québec ressemblent, à leur façon d'être, aux femmes de France. Mais les femmes mariées vivent trop librement. Il paraît qu'on les présente aux jeunes Français de la marine royale, stationnés à Québec durant un mois et davantage. Ces messieurs n'ont d'autre occupation que de rendre visite à ces dames, avant de regagner la France. Les femmes de cette ville, en particulier celles de la haute société, se lèvent à 7 h du matin, s'habillent, se poudrent et se frisent jusqu'à 9 h en sirotant un café au lait. Les jeunes filles se parent ensuite de façon magnifique, s'assoient sur une chaise près d'une fenêtre ouverte donnant sur la rue. Un ouvrage de couture à la main, elles font un point de temps en temps. Elles tournent continuellement les yeux du côté de la rue et si quelque jeune homme vient à entrer, la jeune fille abandonne son ouvrage. Elle s'assoit alors le plus près possible du jeune homme, cause et bavarde avec lui, sourit et pouffe de rire, et la langue marche comme les ailes de l'hirondelle, sinon plus rapidement. Toute la journée s'écoule de la sorte sans que la jeune fille s'adonne au plus léger travail. Elle reste assise et bavarde avec les jeunes gens. Même à l'intérieur des maisons, les jeunes filles s'habillent chaque jour de magnifique façon, comme si elles étaient invitées à dîner chez le gouverneur général. Elles portent sur elles toute leur fortune, et même parfois davantage, rien que pour être splendides. Laurentie 1749On dirait un village continu, commençant à Montréal et finissant à Québec. Le paysage de chaque côté du
Au-dessous des Trois-Rivières, les champs sont généralement semés de blé, d'avoine, de maïs et de pois. Les citrouilles et les melons se disputent le terrain dans les jardins des fermes. Près de Québec, les terres sont partout divisées en champs et en prairies ou en pâturages. Nous ne voyons que fermes et maisons de fermiers.
Toutes les collines sont cultivées; sur le sommet de plusieurs on distingue des villages groupés autour de belles églises. Les prairies sont généralement dans les vallées, quoiqu'il y en ait sur les coteaux. Les hautes prairies sont excellentes. Plus j'avance au nord, plus elles sont belles et plus le gazon en est riche et fourni.
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